Only you ( Ai )

Parmi ce décor entièrement basé sur de vieilles antiquités, entra une créature masculine. Cette force que dégageait cet homme rien que par son regard, n'appartenait qu'à ce clan connus mondialement, le clan des Tsuyosa. Ce terme signifiait puissance, et voici que le dernier héritier arrivait dans une grande sérénité ici. Une légère brise farfouilla dans ses cheveux bien en batailles. Tora Sanchô. Possédant la force de ses parents et la souplesse d'un tigre. A ne pas sous-estimer. Le jeune homme paraissait étrangement tranquille, et s'assit sur un morceau de roche taillé de manière originale. Il ferma les yeux et profita de cet instant magique en fredonna une chanson japonaise. Des pas le surprirent, et il observa autour de lui. Il remarqua très vite une petite silhouette qui s'approchait de lui avec lenteur. Une drôle d'aura était dégagé par cette forme qui s'avançait vers lui.

Il y a quelqu'un.

Je suis dans les ruines. Je me demande si quelqu'un va venir ... Je pense. Sinon, je ne serais pas là. Si personne n'avait besoin de moi, je ne serais pas ici.

Oui, il y a quelqu'un, finalement.

C'est un jeune homme. Je crois qu'il n'a pas remarqué ma présence, comme je n'avais pas remarqué la sienne avant. Il chante quelque chose. Comme Treize fait souvent. La chanson est d'une langue étrange ... Je me rappelle que c'est la même langue que mon prénom, Ai.

Ce n'est pas à lui de venir me voir. Donc je m'avance vers lui. Il me remarque rapidement. Je ne fais rien pour me cacher. Il est blond, comme moi. Plus grand que ma personne, aussi. J'arrive à quelques deux mètres et dix centimètres devant lui. Je m'incline respectueusement. Maître ? Maître temporaire du moins. Je suis déjà prise, malheureusement.

"Bonjour, Messire. Puis-je faire quelque chose pour vous ?"

Je me redresse, joint mes mains derrière mon dos et le regarde. Mes yeux dans les siens. J'étais, pour le moment, totalement à sa disposition. Il pouvait faire de moi ce qu'il voulait. À part, bien sûr, insulter mon Maître, ou me rendre hors d'usage –mon Maître n'en serait point content.

Je me demande : est-ce que mon Maître le connaît ? Peut-être. Je n'ai aucun moyen de le savoir. Finalement, la curiosité ne fait pas partie de mes défauts car je ne lui demanderai pas. De plus, ce serait impoli envers ce Maître temporaire.

Cette drôle de façon de saluer ne le surpris pas. Lorsqu'il était encore dans son clan, tout ceux du comté le traitait ainsi, une femme de plus.. Mais celle-ci semblait très distinguée, d'ailleurs, elle était très ravissante. Tora ne se laissa pas distraire d'une telle manière, mais fut tout de même curieux de savoir pourquoi ce comportement.

- Eh bien. Inutile de me nommer ainsi. Je ne suis qu'un être parmi tant d'autre. Mais donc, pourquoi faites-vous cela? Et.. Sans doute que vous avez déjà un maître, je désire connaître son nom.

Tora ne savait pas que son maître n'était autre que Kazuma, un redoutable combattant alcoolique. Du moins, c'était comme ça qu'il le jugeait. C'était une façon amusante de prouver une pointe d'affection à cet homme. Tora n'avait jamais supporté les serviteurs. Quoi de mieux que d'être libre? Sans doute qu'elle était d'une grande aide pour les pauvres vieux, comme Kazuma ( Non, je rigole xD ). Un vent balaya ses cheveux qui se laissèrent dompter docilement.

Il n'a pas besoin de moi. Dit-il, du moins. Il ne veut pas que je l'appelle de la sorte. Pourtant, je l'ai seulement appelé "Maître". Je ne vois pas le problème.

Lui, ne comprend pas pourquoi je fais cela. Je ne comprends pas ce qu'il ne comprend pas. Aurais-je des problèmes de communication ? Sa question suivante est plus simple : il désire connaître l'identité de mon Maître. Je n'ai pas reçu d'indication visant à ne pas révéler mon appartenance à Messire Kannagi. Donc je vais le faire. Nonobstant, je dois d'abord répondre à sa première question. Pourquoi je fais ce que je fais ? Je crois que la réponse est qu'il ne s'agit pas de ce que je fais, mais de ce que je suis. C'est simple.

"Je suis une servante. Donc je sers. A moins que je n'aie mal compris la question –auquel cas, je m'en excuse."

Cela me paraît tellement clair que je n'arrive pas à répondre aussi clairement que je le veux. Si vouloir est le bon mot. Il me reste la seconde question. Je continue :

"Mon Maître est Messire Kannagi."

Je suis bien claire sur ce point, au moins. Je ne vois pas pourquoi mentir. Je ne demande pas si ce Maître temporaire le connais, car cela ne servirait à rien. Je pense, après avoir observé plusieurs comportements, que si mon Maître temporaire le connais, il le dira. De toute façon, cela ne m'intéresse pas.

Je me demande si ma présence indispose mon Maître temporaire qui ne veut pas l'être. Il ne comprend pas que tous ont toujours besoin d'un domestique, même une seconde, dans leur vie ? C'est ce que l'on m'a appris, pourtant. J'y crois. Si croire est le mot que j'ai cherché.

Si ma présence le gêne, il peut me congédier. Je repartirai alors. Sinon, je resterai jusqu'au moment où je repartirai. Je crois que cette phrase est bizarre, mais je ne sais pas pourquoi.

Tora passa une main dans ses cheveux, et s'exclama d'une voix neutre.

- Oh. Le vieil alcolo! Pff.. Kazuma..

Un bref instant plus tard, il afficha un fin sourire sur son visage. Ses cheveux volèrent au vent, sans résistance particulière. Autour de lui régnait une certaine sagesse. Cette jeune fille se livrait donc corps et âme aux autres? Tora n'aimait pas ce genre de personne...

- Eh bien.. Moi je veux que tu fasses quelque chose pour moi, du moins, avec moi.

Cette voix mielleuse et ce regard qu'il adressa à Ai était assez séducteur, mais pour ce genre de personne, ce n'était vraiment pas important. Sans doute qu'elle se fichait de qui pouvait être Tora, de ce qu'il aimait, de ce qu'il n'aimait pas.. Peu importe. Elle se forçait à écouter sans vraiment y prêter d'attention particulière. Voilà ce que ne supportait pas Tora. Quand il était encore dans son clan, tout le monde faisait semblant de l'écouter, de prêter une grande attention aux moindres de ses paroles, et d'exprimer des " Wahou " et des " Oh " à chaque aventures pittoresques. Il s'était lassé de cela, et il était devenu froid et distant.

Il a insulté mon Maître, je crois. Ou peut-être est-ce une manière de parler ? Je garde cette remarque concernant Messire Kannagi dans un coin de ma tête. J'irai peut-être lui rapporter. Mais si ce Maître temporaire dit cela, c'est qu'ils se sont connus, et peut-être sont-ils rivaux, ou amis ? Auquel cas je ne dois pas agir dans ce sens. Je ne peux le savoir. Il faut que j'y réfléchisse.

Mais je ne comprends pas sa dernière phrase. Je dois vraiment avoir des problèmes de communication. Il faudrait que je voie ça. Treize m'avait dit d'aller la voir si j'avais des problèmes de ce genre. J'irai la voir. Elle m'avait aussi dit quelque chose si l'on me disait quelque chose de ce genre. Je me souviens ...

La voix légèrement décalée par rapport à sa voix précédente. Sa façon de me sourire. Cela ne faisait donc aucun doute. Je réponds :

"Je tiens à vous informer que je n'ai que huit ans. Je crains ne pas pouvoir comprendre toutes les subtilités de vos paroles ... Je vous prie de m'excuser."

Je m'incline respectueusement. Ma robe noire vole légèrement, si peu. Je me redresse et recommence à le fixer. Je ne comprends pas ... Pourquoi m'a-t-il demandé cela ? Les hommes ... Sont-ils tous comme cela ? C'est intéressant. Quoique il y a au moins un homme qui n'est pas comme cela. Pas intéressé par cela.

Je me demande ce qu'il va faire, mon Maître temporaire. Il faut que j'en apprenne sur les comportements de ceux qui possèdent mes services ...

Il fut très surpris. Peut-être qu'elle n'avait pas bien compris. Tora lui adressa un tendre sourire, cette petite fillette était très mignonne. ( J'avais pas compris qu'elle avait 8 ans .--' )

- J'voulais seulement, que tu me tiennes compagnie. Si tu veux, tu peux t'en aller. Et ne le fais pas par pitié. La chaleur humaine me manque parfois..

Le jeune garçon poussa un long soupire qui se perdit dans le vent doux et frais. Pourtant, il avait tout pour se faire des amis. Mais ce n'était pas du superficiel qu'il voulait, il avait envie d'une amitié, même d'une beaucoup plus jeune, qui puisse tenir debout. Son expression neutre changea en un visage plus expressif, démontrant une grande gaieté. Ce petit visage blondinet qui se tenait face à lui, aura peut-être une chance de connaître correctement Tora Sanchô.

Je souris brièvement. Finalement, il n'est pas méchant. Et, comme le confirment ses paroles suivantes, "l'a seulement besoin d'un peu d'affection l'pauv' type ♥", sic et dixit Treize. Je dois avouer qu'elle a raison. D'ailleurs, voilà mon Maître temporaire qui soupire ... A fendre l'âme pour ceux qui en ont. Je lui réponds :

"Je ne partirai pas. Pas maintenant, du moins."

Je me demande que dire. Je crains de ne point avoir une bonne conversation ... Non. Je crains de ne pas avoir de conversation. Je réfléchis quelques 6.86 secondes, puis lui dit avec un regard légèrement interrogateur :

"Vous connaissez donc Maître Kannagi ..."

Je me demande si je devrais lui demander son identité. Je pense que ce n'est pas nécessaire. Du moment que mon Maître temporaire, lui, sait qui je suis ... Le reste n'est guère important. S'il désire se présenter, il le fera. Je fais donc fi de cette question.

- Eh bien, oui. C'est donc ton maître .. Tu as du courage.

Un sourire fin s'étira sur ses lèvres et son minois bien arrondi dégageait une certaine affection envers cette fille.

- J'ai l'impression que tu te retiens .. Je ne sais pas de quoi, mais je ne veux pas que tu me considères comme quelqu'un... d'important. Et cesse donc de me vouvoyer. Je me sens vieux et ridé.

Cette fillette était vraiment bizarre. Réagir ainsi. Peut-être que dans sa région, c'était normal de réagir comme un majordome. Celui-ci se posait tellement de questions au sujet de la gamine qu'il se demandait si son indiscrétion n'allait pas un peu trop loin. Sa curiosité aussi réussissait parfois à l'emporter un peu trop loin.. Mais jamais dans des eaux trop dangereuses. Tora avait appris à faire attention à ses paroles, et là, il se retenait bien que des envies de détective le prenait.

- Ah la la ..

Mon Maître temporaire me dit que je dois être courageuse pour servir Messire Kannagi. Je ne comprends pas pourquoi. Maître Kannagi est pourtant un homme bon. Peut-être ne me suis-je pas assez renseignée à son sujet. De toute façon, cela ne change rien. Messire Kannagi restera mon Maître.

Mon Maître temporaire me demande aussi d'arrêter de le vouvoyer. Il se sent ... vieux et ridé ? Je ne comprends pas. Après quelques fractions de secondes de réflexion, je pense avoir trouvé ce qu'il lui faut.

"Vous n'êtes pas vieux, Maître."

Je sors un petit miroir d'un des nombreux plis de ma robe noire, et lui montre son reflet en celui-ci. Mon Maître temporaire n'est ni vieux, ni ridé. J'espère, que cela va le rassurer. Je ne peux pas cesser de le vouvoyer. Je n'y arrive pas. C'est une marque de respect nécessaire d'un servant envers son Maître. Je suis une servante, et lui est mon Maître –temporaire, du moins. Je me dois donc de le vouvoyer.