Mal de crâne quotidien [PV Alucard]

La nuit était tranquille. A vrai dire, pas grand monde ne voulait sortir dehors, vu le brouillard épais qui stagnait dans les rues.
Pourtant, une silhouette se découpait dans le brouillard. Elle avançait lentement sur le pont, s'appuyant d'une main à la barrière et tenant sa tête de l'autre.

*Je suis tellement désolée de t'infliger ça...* marmonna Môna, penaude.

Lily ne répondit rien, continuant d'avancer. Son crâne l'élançait furieusement, comme chaque soir. Il faut dire que son corps, à la base, n'avait pas été fait pour abriter deux esprits en même temps, surtout deux esprits qui se parlent.
Finalement, à bout de forces, elle s'écroula sur la barrière, puis sur le trottoir. Elle était trop faible pour se relever, et elle tenait maintenant sa tête des deux mains. Elle ne criait pas, elle ne criait jamais.
Pendant 20 ans elle n'avait pas pu crier, pourquoi le ferait-elle maintenant ?

*Hey Lily, relève toi, tu vas geler si tu restes ici. Il risque de pleuvoir en plus. Faut au moins trouver un refuge ou un truc comme ça*

Mais Lily ne répondait pas. Môna ne pouvait pas comprendre. Elle ne ressentait pas la douleur, elle n'était qu'un esprit.
Elle ne pouvait pas savoir que Lily ne pouvait plus se relever.

La jeune femme se roula en boule, haletante. La douleur allait passer, elle passerait comme tous les soirs. Ce n'était qu'une question de minutes avant que cela ne s'arrête...
Du mois l'espérait-elle.

Alucard avançait tranquillement sur le pont.
Une brume assez épaisse entouré tout l'endroit et on ne voyait nettement qu'a deux ou trois mètres devant sois.
Enfin pour les humains, Alucard étant habitué depuis toujours et à la nuit et au brouillard voyait bien plus loin mais cela importait peu puisque qu'il avançait les yeux levaient vers le ciel, il ne regardait pas du tout la route ne se fiant uniquement à ses autres sens.
Il avait une mains posée sur la barrière du pont, suivant les imperfections du bois.
Mais plus Alucard avançait plus il ressentait quelque chose, non quelqu'un enfin il ne savait pas trop.
Il sentait comme deux être déchiré par la douleur, une douleur intense, vive, sans pitié.
Alucard baissa alors les yeux des cieux afin de situé d'où venait cette présence.
* Hé bien cela promet une nouvelle nuit bien remplie* pensa-t-il un sourire au lèvre.
Et il vit au loin quelqu'un, recroquevillée sur le sol, la tête entre les mains, tremblante.
Son coeur battait si vite qu'Alucard pouvait l'entendre.
Il s'arreta , la main toujours posée sur la barrière.
Quelque chose avait attiré son attention, un détail, certes mais d'une certaine importance.
Après tout comment Alucard pouvait sentir deux présence mais qu'un seul coeur battre ?
Intrigué il se remis en route vers cette double personne agonisante.

Lily sentit la présence de Môna s'évanouir peu à peu. Elle en conçut une certaine forme de soulagement, mais la douleur s'accentuait d'autant plus.
Sa bouche s'ouvrit en un hurlement muet, mais elle savait que c'était bientôt terminé.
Car comme chaque soir, elle allait perdre le contact avec l'esprit de Môna, et le mal de tête s'arrêterait, d'un seul coup. Elle ne récupèrerait son amie, qui pour l'instant était exilée quelque part dans un coin très lointain de son esprit, que le lendemain matin.
Môna eut à peine le temps de lui dire "A demain" qu'elle disparut brusquement. Et la douleur s'envola avec elle.

Lily resta un moment allongée, tremblant de tous ses membres, haletant et essayant de récupérer son souffle. Elle avait beau y être habituée, la douleur la laissait toujours autant clouée sur place.
Puis, quand elle se fut calmée, elle perçut un claquement de pas, et une présence qui se rapprochait. Elle tremblait encore un peu, mais elle était suffisamment forte pour relever la tête et regarder l'inconnu.
Il était encore loin dans le brouillard, et elle ne percevait que sa silhouette.
Et un long manteau rouge...

Alucard se rapprochait doucement de la présence.
Il avait pu voir que ces présences étaient en réalité qu'une seule et même femme.
Entre temps il avait senti que l'autre aura avait disparu, Pourquoi ? Alucard n'en savait rien.
C'était une jeune femme jugea Alucard, elle possédaient des cheveux longs roux mais avant des nuances qu'il n'avait jamais vu auparavant, il y avait des reflets sombres mais possédant une clarté caché si particulière.
Ils étaient tout simplement sublime.
Elle avait relevait la tête en l'entendant approcher mais était rester recroquevillée sur elle même à même le sol froid du pont.
Alucard continuait d'approcher, pas par pas, il voulait continuait de l'observer avant de l'aborder, il voulait mieux la voir, mieux l'analyser en quelque sortes.
Mais il finit par arriver près d'elle.
Il s'agenouilla afin de lui parler de manière plus direct.
"Tout va bien jeune fille ?" lui dit-il en souriant

La jeune fille s'agenouilla, le visage à quelques centimètres seulement de celui d'Alucard.
Il n'avait jamais vu des traits si fin, si raffiné, ses yeux était bleu vert, profonds elle était tout simplement magnifique.
Sa peau était, comme celle d'Alucard très blanche mais à la différence de celui-ci son teint était parfaitement lisse.
Elle essaya ensuite de se lever mais elle n'y parvînt pas et resta donc assise tout cela en continuant de regarder Alucard.
Le silence se poursuivit jusqu'à ce qu'il lui demanda:
"Comment vous appelez vous jeune fille ?"
C'était la première qu'il voulait vraiment connaître le nom d'une personne se trouvant en dehors des combats.
Alucard s'assit alors afin d'être à sa hauteur, enfin presque.
Il continuait de la regarder dans les yeux, se perdant dans ses abysses.
*D'où vient cette jeune personne ?" se demandat-t-il.

L'inconnu la regardait dans les yeux, et à travers ses lunettes fumées elle pouvait apercevoir deux pupilles rougeâtres qui l'observait. Elle n'avait pas vraiment peur : après tout, Môna aussi avait eu les yeux rouges de son vivant, et le regard de l'étranger n'exprimait rien d'autre que de la curiosité pure. Il y avait même quelque chose de très beau dans ce rouge sang atypique, peut-être parce que Lily aimait les gens qui sortaient de l'ordinaire.
Elle se sentit électrisée, comme si ce regard la transperçait de part en part, et elle devina qu'il était quelqu'un de particulier.
C'étaient là les yeux d'un grand homme.

Intimidée, la jeune femme baissa les siens tandis qu'il lui demandait son prénom et qu'il s'asseyait devant elle. Elle sentit son regard de feu toujours posée sur elle, et le rose gagna un peu ses joues, mais si peu qu'elle n'en fut pas même consciente. Finalement, sentant qu'elle n'avait pas à se montrer impressionnée, elle releva les yeux, les plantant résolument dans ceux de l'étranger. Elle resta un instant immobile, et finalement montra sa gorge de son long doigt fin, tout en secouant la tête de gauche à droite.

Lily constata qu'elle ne voulait pas connaître le nom de l'homme en rouge. Une aura de mystère planait autour de lui, et elle trouvait cela très bien comme c'était. De toutes les manières, y avait-il donc besoin de connaître le prénom de quelqu'un pour l'apprécier ?

Elle essaya à nouveau de se relever, et parvint presque à se mettre accroupie. Elle fut aussitôt prise d'un vertige et tomba en avant, se raccrochant à l'épaule de l'inconnu. Elle croisa son regard et, le plus naturellement du monde, lui sourit.
C'était la première fois qu'un sourire lui paraissait aussi facile à faire.

L'inconnu n'exprimait rien, et ses yeux flamboyants la dévisageaient, impassibles. Lily se demanda ce qu'il pouvait bien penser, et elle pensa tout à coup qu'il n'avait peut-être pas apprécié qu'elle se raccroche ainsi à lui alors qu'ils ne se connaissaient pas.
Soudain, les lèvres de l'inconnu se fendirent en un petit sourire calme. Lily se douta qu'il n'avait pas l'habitude de sourire ainsi car la douceur de ce sourire était un peu hésitante. Mais cela suffisait amplement à la jeune fille : ainsi donc cela ne le dérangeait pas.
Il s'anima tout à coup et leva sa main vers son visage. Lily resta immobile, ses yeux plongés dans les flammes des siens, et ne bougea pas quand il retira la mèche de cheveux qui barrait son front. Il portait des gants, et elle sentit le cuir sur sa joue. Elle n'était pas sûre d'elle, mais elle avait l'impression qu'il la lui caressait. Pourtant, c'était peu probable...
D'ailleurs, il l'avait retiré, sa main. Elle avait du rêver ce contact furtif, mais elle n'en était pas déçue. C'était un joli rêve au fond, elle qui n'avait jamais intéressé personne.

L'inconnu l'aida à se relever et, pour qu'elle tienne debout, l'adossa à la barrière. Lily s'y aggripa, parvenant à grand peine à tenir sur ses jambes. L'inconnu s'assit en face d'elle, tout en la regardant.
Il n'avait plus dit un mot depuis un moment, et il semblait avoir compris que Lily ne lui répondrait pas. Et apparemment, il l'avait accepté.

La pluie se mit à tomber, d'abord à petites gouttes, puis de plus en plus. Lily leva les yeux vers le ciel, et l'eau dégoulinait sur ses joues.
Il fallait trouver un abri, et rapidement. Même si elle ne pouvait pas avancer pour l'instant.

La pluie commençait à tomber doucement d'abord puis de plus en plus vite.
La jeune fille avait la tête levée vers le ciel.
L'eau descendait sur ses joues et mouillait lentement ses cheveux flamboyants.
Alucard sourit, il prit alors son chapeau de sa tête et le posa doucement sur sa tête afin de la protéger de la pluie.
Il pût alors lui aussi sentir l'eau descendre dans son dos goutte par goutte.
Ses cheveux aussi se gorgeaient du liquide des cieux et ils commencèrent à lui tomber sur le visage qui devait sans doute lui donner un air assez ridicule.
Une fusion entre la pluie et l'eau du lac commença, produisant une musique, presque mélodieuse.
Oui ils leur fallaient un abri sinon ils allaient finir noyer au milieu de cet immence pont.
Effectivement si il continuait de pleuvoir ainsi le lac allait bien monter et plonger le bois sous l'eau.
Sur le chemin il avait vu une espèce de cabane un peu en hauteur pouvant les abriter le temps du déluge.

"J'ai vu un abri pas loin, on pourra s'y abriter" lui dit-il en la regardant

Elle était peut-être muette mais pas sourde il savait qu'elle le comprenait.
Mais pour l'atteindre il fallait marcher et elle n'était pas en état de le faire maintenant.
Il s'adossa, dos à elle afin qu'elle puisse s'accrocher à lui.

"Allez monte, je t-y emmenes" dit-il en souriant.

Tandis qu'elle regardait le ciel pleurer, Lily sentit que l'homme (elle se rendit compte qu'elle n'arrivait pas à estimer son âge, mais il n'était assurément pas aussi jeune qu'elle) s'approchait. Elle baissa les yeux, le voyant venir de sa démarche lourde. Maintenant qu'elle le voyait debout, il était évident qu'il la dépassait d'au moins deux têtes et ses épaules musclés rendaient sa marche un peu balancée. Le claquement de ses bottes sur le pont résonnait, et Lily se sentit frémir.
Etais ce le froid ?

Il arriva finalement à sa hauteur et elle dut lever la tête pour le regarder dans les yeux. Elle battait des paupières pour chasser l'eau qui se glissait dans ses yeux, déterminée à ne pas cesser de regarder à travers le verre de ses lunettes. Elle était véritablement captivée par ce rouge inhabituel, et même si son intuition lui disait que cette couleur avait quelque chose de dangereux, elle ne pouvait s'empêcher d'être attirée.
Comme tout humain aime ce qui lui est interdit.

Finalement, l'inconnu retira son chapeau pour le placer sur sa tête. Il était un peu grand pour elle et s'enfonça jusqu'à ses yeux. Elle dut le dégager un peu de sa main pour retrouver la vue, et ses yeux s'écarquillèrent légèrement.
Lily avait beau être peu expressive et ne pas ressentir grand chose, elle était tout de même sensible à la beauté, et ce qu'elle avait devant les yeux en faisait indéniablement parti.
Les cheveux noirs de l'inconnu, jusqu'ici caché par son immense chapeau, encadrait librement son visage, se plaquant même sous la pluie. Les gouttes d'eau courraient sur la peau diaphane, et l'association du noir de jais et de la pâleur de la peau donnait quelque chose d'encore plus mystérieux à l'inconnu. Mais c'était surtout ses yeux, encore plus luisants maintenant que la pluie les longeait, qui retinrent toute son attention.

Elle admirait ce tableau sans aucune pudeur, sans songer qu'il n'était pas convenable de fixer les gens ainsi. Les règles sociales lui étaient un peu étrangères, et elle aurait été de toute façon été incapable de regarder ailleurs.

L'inconnu lui proposa d'aller s'abriter, et Lily lui répondit d'un hochement de tête. Il se retourna, lui présentant son dos et lui proposa de grimper.
Pas une seconde elle ne douta qu'il parviendrait à la porter sans aucun souci et qu'elle ne serait pas à un poids pour lui. Elle était si frêle, lui paraissait si fort...

Elle s'agrippa à ses épaules et se hissa avec peine sur son dos, enroulant ses jambes autour de son torse (elle était trop petite pour atteindre sa taille). Elle posa sa tête contre sa nuque, l'englobant sous la protection du chapeau. Les cheveux de l'inconnu caressait son nez, et cela la fit sourire.
Que d'intimité avec un homme qu'elle ne connaissait même pas !

La pluie continuait de battre son plein et s'intensifia même un peu.
La jeune fille le regardait fixement avec un air presque d'admiration.
Ceci fit sourire Alucard, il n'avait pas l'habitude qu'on le regarde ainsi après tout on le regardait plus souvent avec peur ou avec dégout mais jamais d'admiration...
Son chapeau trop grand pour elle tomba sur ses yeux et elle le releva comme une enfant.
C'est vrai qu'il aurait pût être un nombre incalculable de fois son père mais peu lui importer.
Alucard s'attachait réellement à cette demoiselle.
Elle finit par monter sur son dos et il se releva sans peine.
Elle était si légère, il avait presque peur de l'oublier.
Mais cela était impossible,comment oublier une telle présence sur son dos.
Une aura à la fois étrange et si attirante.
Non il ne le pourrait pas.
Elle s'était mis de tel sorte qu'il soit aussi protéger par la pluie graçe à son large chapeau.
Alucard sourit, quel délicate intention, cela faisait si longtemps que personne n'avait fait cela.
Il commença alors à avançer en direction de l'abri qui n'était pas vraiment loin, il aurait put se dépécher pour les protéger le plus vite possible.
Mais non il prenait son temps, oui il voulait tout simplement la garder un maximum de temps sur le dos.

Comme prévu, l'inconnu la souleva sans même l'ombre d'une faiblesse, comme s'il portait un sac de plumes. Il commença à avancer de sa démarche lente et cadencée, ses lourdes épaules roulant à chaque pas.
Lily ferma doucement les yeux, se laissant bercer par sa démarche puissante. Elle sentait qu'elle retrouvait peu à peu ses forces, mais même si elle l'avait pu elle n'aurait pas fait signe à l'inconnu qu'elle était capable de marcher toute seule. En fait, elle se sentait plutôt bien perchée sur son dos, même si les gouttes de pluie dégoulinaient le long de ses omoplates. En un sens, il était plus pratique qu'elle soit dans son dos, ainsi il ne pouvait pas voir sa robe blanche qui lui collait à la peau et qui peu à peu découvrait sa chair pâle. Lily en avait conscience, mais pour l'instant ce n'était pas trop important.

La jeune fille sentit que, si elle l'avait voulu, elle aurait été capable de s'assoupir au rythme de ses pas.
Mais elle ne voulait assurément pas dormir. Rien ne lui disait qu'il serait encore là quand elle se réveillerait, et elle était déjà peinée à l'idée que dès lors qu'elle dormirait, elle ne le reverrait sans doute plus jamais.
Non pas qu'elle se fut attachée à lui -Lily a les émotions et les sentiments difficiles -, mais sa présence la rassurait et elle se sentait plus en sécurité. Elle savait que, contrairement aux autres hommes, il ne lui voulait pas de mal et qu'il ne comptait pas l'ignorer ou se moquer d'elle.
Pour une raison inconnue, il s'intéressait à elle, et elle sentait qu'il n'y avait aucune arrière pensée derrière cette aide bienveillante.
Elle percevait toujours cette impression de danger et de violence qui se dégageait de cet homme, mais son instinct lui dictait que cela ne la concernait pas.
Qu'il fusse un meurtrier, tant qu'il était gentil avec elle, elle n'en avait cure.
Après tout, les autres avaient toujours été infects avec elle, alors pourquoi serait-elle offusquée que cet homme si serviable leur fasse du mal ? Cela ne l'intéressait pas.
Elle sombra dans la somnolence, apaisée par le doux son de la pluie et par la démarche régulière de l'inconnu.

Lily se réveilla une heure plus tard au claquement du tonnerre. Elle n'ouvrit pas les yeux, mais elle put quand même discerner une aveuglante lumière blanche qui brilla quelques secondes à travers ses paupières avant de disparaître.
Elle n'avait pas peur des éclairs, mais elle frissonna tout de même tant le bruit avait été violent. Elle constata alors qu'un tissu frottait contre son bras, et qu'une odeur étrange s'en dégageait.
Elle avait envie de regarder ce que c'était, mais elle ne voulait pas non plus ouvrir les yeux. Elle pensait à l'inconnu, et elle avait peur de ne pas le voir avec elle.
La solitude lui aurait été intolérable à cet instant, alors qu'elle espérait de toutes ses forces qu'il était quelque part dans la pièce, près d'elle.

Finalement, ne parvenant à reconnaître le tissu simplement au toucher, elle entrouvrit les yeux. Elle semblait être dans une cabane minuscule, pourtant il y avait tellement d'ombre dedans qu'elle ne voyait pas autour d'elle.
Cependant, le manteau rouge qui l'enveloppait était suffisamment proche pour qu'elle le discerne précisément. Elle comprit aussitôt que c'était celui de l'inconnu, et approcha son nez pour le sentir encore.
Quelle odeur singulière. Un mélange d'humidité, de vieilli et... de sang ? Etais ce bien cela ?
Elle n'en était pas vraiment sûre, mais peu importait. Elle releva la tête, cherchant dans l'obscurité le regard rouge qui l'avait tant marqué.
Sa vision n'était pas suffisamment fine, et elle ne voyait toujours rien.
Etait-il donc parti finalement ?

Un orage éclata en plein milieu de la nuit, les éclairs zébraient le ciel noir, et le tonnerre les rythmait transformant l'obscurité en un véritable spectacle.
Alucard était monté sur le toit de leur abri afin de l'admirer.
Il avait toujours aimé les orages, le déchainement de la foudre sur la terre.
Puissant, précis et mortel...
La pluie avait au moins doublé d'intensité et Alucard était désormais trempé mais peu importe le froid, peu importe cette pluie il ne manquerait pour rien au monde un tel spectacle, la vengeance de la nature.
Il gardait les yeux ouvert admirant ces lignes blanches descendre du ciel, lance meurtrière lançaient par Dieu.
Soudain il sentit que la jeune fille s'était reveillé, il ne savait pas comment il l'avait senti mais peut importe.
Alucard sauta du toit qui craqua sinistrement

"Cet abri va tomber en ruine" murmura-t-il

Il ouvrit alors la porte laissant la lumière entrer par à coups et lançant son ombre sur le plancher.
Alucard ferma rapidement afin de ne pas trop éblouir la jeune fille.
Il se dirigea alors vers elle à pas de loup et s'assit en face d'elle , adossé à une poutre.
On pouvait entendre l'eau gouttait de ses cheveux mouillée lorsque le tonnerre ne grondait pas.

"ça va mieux ?" lui demanda-t-il assez fort pour qu'elle puisse l'entendre malgrès l'orage.

Alors qu'elle commençait à se résignée, persuadée à présent qu'il était finalement parti comme elle l'avait craint, la porte s'ouvrit.
Il n'était pas vraiment possible de distinguer la personne puisqu'elle avait la lumière dans le dos. Ce n'était qu'une très haute silhouette noire, dont l'ombre s'allongeait sur le sol, comme celle que voit les enfants sur leurs murs, les soirs où ils ont peur.
Mais Lily n'avait pas peur, elle était même rassurée. Car la silhouette portait des lunettes fumées.
Finalement, l'inconnu n'était pas parti.

Il referma la porte derrière lui, et un silence partiel s'abattit sur eux. Finalement, ce qu'elle entendait n'était rien par rapport à ce qui se déchainait là dehors. Et dire qu'il s'y était aventuré, ne serais ce qu'un instant.
Il ne semblait vraiment rien craindre.

Il la rejoignit, s'asseyant comme toujours en face d'elle, à une distance respectable. Cet écart entre eux paraissait naturel à la jeune femme, comme si le fait qu'ils se côtoient de trop près aurait des répercussions terribles.
On n'associe pas le grand méchant loup avec la blanche brebis.

Ses cheveux goutaient sur le sol, et une fois encore elle était assez impressionnée par le charisme qui se dégageait de cet homme, même si cette fois ci elle ne le montra pas clairement.
Elle était attirée par lui comme un insecte l'est avec la lumière, même s'il sait que cela peut lui être mortel.

Il lui demanda si elle allait mieux, et elle hocha la tête. Malheureusement, elle n'avait pas suffisamment dormi pour que son corps se sente apte à accueillir deux âmes. Môna - et donc sa voix- était donc toujours absente de son esprit, et ce tant qu'elle n'aurait pas dormi plusieurs heures d'affilé.
Mais pour l'instant, son amie pouvait attendre. Elle avait bien plus intéressant à faire avant de s'endormir à nouveau.
Et puis tant pis si elle restait toujours aussi muette, il l'avait bien supporté jusqu'à présent.

Elle attendait qu'il parle à nouveau, faisant vibrer l'air de sa voix grave et suave. Elle commençait à la trouver agréable à l'oreille, elle lui évoquait quelque chose d'à la fois inquiétant et sécurisant.

Bien sûr, malgré cet amalgame de pensées, son visage ne laissait transparaître aucune expression. A croire qu'elle était complètement indifférente à ce qui se passait.

Un long moment passa, où ils se regardaient droit dans les yeux, sans bouger. Leur visage impassible semblait ne rien exprimer, et pourtant c'était comme si un dialogue silencieux s'opérait entre eux. Lily parvenait à lire dans les yeux de cet homme qu'il avait envie de la protéger et qu'il était attendri par sa fragilité.
C'était tout ce qu'elle avait besoin de savoir pour apprécier cet homme : le simple fait qu'il ne lui soit ni hostile, ni moqueur, ni indifférent était déjà beaucoup.
Inconsciemment, elle s'agrippait au manteau rouge, comme si c'était l'inconnu lui-même qu'elle serrait contre elle. Peu à peu, son menton disparut sous le tissu au fur et à mesure qu'elle s'emmitouflait d'avantage, sans quitter l'inconnu des yeux.

Elle constata que, dans sa tête, elle avait fini par l'appeler "l'inconnu". Comme si c'était son prénom. Et puis après tout, quelle différence cela faisait qu'elle l'appelle ainsi ou autrement ? Il n'en restait pas moins qui il était, non ?

Au bout d'un moment, l'Inconnu lui sourit, dévoilant des dents d'un blanc immaculé et pointues. Malgré cette dentition féroce, son sourire était doux et agréable, et Lily ne put s'empêcher de remonter légèrement le coin de ses lèvres. Il retira ses lunettes, et ses yeux rouges brillèrent -au sens propre du mot- dans le noir. Lily ne voyait plus que cela pratiquement, mais ce n'était pas désagréable.
Elle songea que n'importe qui d'autre aurait été épouvanté par ces deux points rougeâtres, yeux démoniaques près à surgir de l'ombre. Mais elle était contente de mieux les voir, car c'était bien plus facile pour converser silencieusement.

Lily était vraiment intriguée par toutes les différences qu'il y avait entre lui et un homme normal, mais elle rechignait à poser des questions (même par geste). Elle chérissait le mystère qui planait autour de lui, et elle estimait qu'il était encore trop tôt pour fouiller les secrets de cet homme.
D'ailleurs, s'il ne voulait rien lui dire, elle s'en fichait, elle n'avait pas besoin de savoir ce qu'il cachait.

Néanmoins, elle avait envie de partager plus avec lui qu'une simple conversation visuelle. Elle voulait interagir avec lui, avoir un contact, même lointain.
Aussi, elle ramena ses deux mains sous sa joue et ferma les yeux, mimant l'action de dormir, et pointa l'Inconnu du doigt avec un haussement d'épaule, comme pour lui poser une question.
En effet, il ne paraissait pas avoir dormi, et même si elle ne savait pas l'heure exacte il était évident que la nuit était déjà bien avancée.
Il n'avait donc pas sommeil ?

Alucard remarqua que la jeune fille s'enfoncait de plus en plus dans son manteau ne laissant maintenant que les yeux dépasser.
Il ne savait pas pourquoi mais il trouvait cela mignon qu'elle s'emmitoufle ainsi.
Leur conversation visuelle se prolongea encore un moment lorsque soudain elle se débarrassa un peu de son manteau et commença à mîmer quelque chose, à mîmer une question plus exactement.
Quand dormait-il ? C'est vrai que cela devait plus parraître bizarre qu'il ne dorme jamais après tout il était en pleine nuit et la lune était presque à son zénith désormais.

"Pourquoi je ne dors pas ?" dit-il comme pour s'assurer que c'est ce qu'elle lui avait bien demander.

"Disons que vos jours sont mes nuits, lorsque vous vous reveillez moi je me couches et inversement."

Cela n'était pas vraiment une réponse mais il ne voulait pas lui dire tout de suite qu'il était un Vampire, cela avait la facheuse tendance à faire hurler et courir les humains et il ne voulait pas ça.
Non il ne voulait pas la voir partir.
Même si quelque chose lui disais que peut lui importer qu'il soit un Vampire ou non.
Et elle même semblait posséder un secret enfouit dans son âme.
Mais il murmura tout de même:

"Je suis du côté de la nuit depuis bien longtemps..."

L'Inconnu vit sa question, même dans le noir, et la comprit tout de suite. Elle hocha doucement la tête pour lui signifier que c'était bien ce qu'elle voulait savoir, et retint son souffle de manière inconsciente.
Elle ne s'en rendait pas compte elle-même, mais si elle cessait de respirer ainsi, c'était pour entendre la voix de l'Inconnu sans que le bruit de son souffle n'altère le son.
Un peu étrange, certes, mais la jeune fille n'avait pas conscience qu'elle agissait ainsi, trop attentive aux paroles de l'Inconnu.
Il laissa planer dans l'air une phrase bien mystérieuse, et Lily pencha doucement la tête de côté, comme pour signifier qu'elle ne comprenait pas.

Pourquoi vivait-il donc de nuit ? C'était tellement étrange.
Etait-il donc comme elle, à préférer la solitude à l'animation du jour ? Elle aimait que les autres la laissent dans sa bulle de tranquillité, mais elle n'allait pas jusqu'à inverser son rythme biologique pour profiter du calme.
Peut-être bien que cette étrangeté cachait quelque chose de plus étrange encore... ?

Mais elle ne voulait pas savoir. Enfin pas trop.
S'il ne le lui avait pas dit explicitement, c'est sûrement qu'il préférait le garder pour lui, et Lily le respectait tout à fait. Même si sa curiosité avait été légèrement piquée.

Elle aurait voulu se rapprocher de lui. Juste un petit peu.
Elle aurait aimé que leur corps se frôlent, assez pour la faire frémir, trop peu pour que cela soit un geste de séduction.
Elle n'avait pas envie de rentrer dans ce jeu auquel Môna aimait tant jouer, se tourner autour à coup de réflexions subjectives et de regards entendus. Ce n'était pas digne de lui, ni d'elle.
Elle estimait que, s'il devait y avoir une relation entre eux, quelle fusse amoureuse (difficile à envisager, vu son incapacité à s'attacher à autrui jusqu'à maintenant), amicale ou même simplement anodine, elle serait complètement différente des autres. Tout simplement parce qu'ILS étaient différents des autres.

Tout à ses pensées, Lily avait tourné la tête pour regarder dehors, entre les planches des murs. La pluie se calmait doucement, et bientôt le silence leur tomberait dessus. Agréable perspective.

D'un geste lent, elle attrapa le chapeau de l'Inconnu qui glissait sur ses épaules et le lui tendit avec un sourire qui parlait presque pour elle : Allez y, prenez le monsieur l'Inconnu, et touchez moi la main s'il vous plait. Juste un petit peu.

La jeune après sa déclaration hocha légèrement la tête, sans doute afin de lui montrer qu'elle ne comprenait pas trop.
Alucard sourit tendrement et lui dit doucement :

"Je t'expliquerai plus tard"

*A la condition qu'il y ai un plus tard...*pensa-t-il amèrement.

C'était étrange, il ne voulait pas envisager cette perceptive, c'était la première fois qu'il s'attachait si rapidement à quelqu'un.
Mais elle n'était pas quelqu'un de banal, Alucard l'avait tout de suite senti.
Son aura était si particulière, tout son être était à la fois si étrange et si attirant.
Il n'avait jamais connu une telle personne.
Même dans son plus profonds passé...
La pluie commençait à diminuer de façon significative et l'on pouvait désormais mieux s'entendre.
Lentement mais d'un geste sûr la jeune fille attrapa le chapeau qui se se trouvait derrière sa tête et le tendit à Alucard en souriant.
Ce qu"il aimait la voir sourire, il possédait un charme sans pareil...
Lui aussi sourit alors devant ce geste elle voulait lui rendre son dû.
Etrange perspective puisque se trouvant à l'intérieur il n'avait pas besoin de son chapeau.
Mais il ne chercha pas plus à comprendre et il attrapa doucement son chapeau.
Leurs doigts se frolèrent lentement , sa peau blanche était d'une douceur qu'Alucard n'avait jamais connu, enfin il n'en n'avait aussi jamais prit le temps
Sans doute inconsciament Alucard ralentit son geste, prolongeant ainsi le moment mais comme tout bon moment à une fin il dût finir par attraper son chapeau.
Alucard sourit, peut être avait-il comprit pourquoi elle lui avait rendu se chapeau...
Il le remit alors sur sa tête lentement tout en continuant de la regarder dans les yeux, dans ses yeux si profonds,il aurait pu se perdre dedans seulement en les fixant trop longtemps.
Mais peut-être était-il déjà perdu...

L'Inconnu resta un moment indécis, et Lily pensa un instant qu'il ne bougerait pas, la laissant là comme une idiote à lui tendre son chapeau.
Mais son visage s'éclaira finalement d'un sourire, encore l'un de ces sourires très doux mais peu naturels qui ne semblaient pas vraiment aller avec son caractère habituel.

*Voilà un homme qui ne doit pas être très souvent détendu* pensa-t-elle.

Finalement, il approcha ses doigts des siens, et Lily frémit quand leur peau rentrèrent en contact.
Il était si froid, si dur ! Un peu comme... un cadavre.
Il lui sembla qu'ils restèrent longtemps ainsi, mais finalement l'Inconnu finit par refermer sa main sur le tissu et l'attira à lui.
Lily lâcha le chapeau à regret, d'autant plus que l'Inconnu le remit sur sa tête, cachant ses cheveux de jais.

Elle se radossa au mur pourri de la cabane, se rendant compte que l'Inconnu ne la lâchait pas des yeux. Elle se plongea à son tour dans les flammes incandescentes qui se mouvaient dans ses yeux curieux et apaisés, dans lesquels subsistaient une once de fureur.
Mais qui était donc cet homme pour que son être respire autant la colère et la violence ?

Elle était maintenant sincèrement intriguée, et cette fois elle voulait vraiment en savoir plus sur lui.
Le mystère était trop grand.

Sur ses lèvres, elle articula lentement les mots qu'elle ne savait pas représenter par des gestes.

"Qui es tu ?"

Question très vague et très large, certes, mais beaucoup dire en peu de mots était l'une des doctrines favorites de Lily.
C'était presque un test : s'il parvenait à lui en dire suffisamment pour apaiser sa curiosité et trop peu pour tout dévoiler, il était définitivement le genre de personnes qu'elle aimait.
Non pas qu'elle en eut douté, mais sa méfiance était si grande vis à vis de l'humanité qu'une preuve de plus n'est jamais de trop.
Et elle était persuadée qu'il ne la décevrait pas.

Alucard pouvait sentir une certaine curiosité dans les yeux de la jeune fille.
Et comme pour assurer cette pensée la jeune fille formula une parole avec ses lèvres.
Elle lui demandait quelque chose, et il pût comprendre à la volé qu'elle voulait savoir qui il était.
Soudain Alucard se rendit compte que quelque chose clochait.
Comment cela était possible qu'elle sache prononcer des paroles, après tout n'était-elle pas muette ?
Mais plusieurs solutions s'affichaient dans l'esprit d'Alucard, pourquoi cela l'étonnait autant, elle était seulement muette quelqu'un aurait pu lui apprendre à parler avec les lèvres ou alors elle ne l'était pas de naissance et avait appris à parler auparavant.
Et pourtant quelque chose tracassé Alucard mais pas moyen de mettre le doigt dessus.
Enfin, qui vivra verra et il était sûr qu'il le saurait un jour ou l'autre.

"Qui suis-je ?" lui répondit-il lentement.

Il posa alors doucement son chapeau sur le sol, détournant son regards.
Soudain le visage d'Alucard se fendit en deux, un sourire, non un rictus était désormais présent.
Ses yeux avaient rougit et ses pupilles était devenu aussi longue que celle d'un serpent.
Il se tourna vers le jeune muette, la regardant dans les yeux.
Qu'allait-elle faire ? S'enfuir en hurlant ?
Alucard la testait, peu de gens restait impassible devant lui et si elle y arrivait alors elle méritait de le connaître.
Alors il bondit, crocs en avant en direction de sa gorge.
Il s'arrêta à quelque millimètre de sa peau, si blanche, si fine.
Elle n'avait pas frémit, rien du tout...Elle avait réussit.
Alucard sourit, et lui dit au creux de l'oreille :

"Alucard est mon nom"

L'Inconnu sembla comprendre ses paroles muettes, mais il parut un peu décontenancé. Il plissa les sourcils, comme si quelque chose clochait et qu'il ne parvenait pas à savoir de quoi il s'agissait, puis finalement se détendit.

Toute personne normale se serait sûrement demander qu'est ce qui avait bien pu lui passer par l'esprit, mais Lily n'avait pas besoin de tout savoir d'une personne.
Au contraire, elle estimait même que moins on avait d'information pour polluer son jugement, plus on pouvait aimer quelqu'un pour ce qu'il était.
Enfin, aimer... N'employons pas trop vite les grands mots.
Apprécier était déjà un mot suffisamment fort pour la jeune fille, et il n'était même pas sûr qu'elle connaisse un jour la véritable signification du mot "amour".
Cela demandait d'être capable de véritables sentiments.

L'Inconnu répéta sa question, détachant chaque mot, et Lily sentit que quelque chose dans l'atmosphère avait changé, comme si des centaines de regards féroces s'étaient tout à coup braqués sur eux.
Sur elle.

L'Inconnu retira son chapeau qu'il venait tout juste de poser sur sa tête, et le posa près de lui dans un geste d'une délicatesse dérangeante, comme si sa lenteur visait à faire monter la tension dans l'air.
Ses cheveux s'échappèrent, lui cachant le seul oeil qu'elle parvenait encore à voir.
Lily attendit, pressantant que quelque chose allait se produire bientôt et qu'elle ne regretterait pas sa question.
Oh non, elle ne la regretterait pas.

L'Inconnu tourna brusquement la tête, et elle les vit.
Ses deux yeux venus tout droit de l'enfer, ses yeux démoniaques qui la brûlaient vive, et ce sourire cauchemardesque qui déchirait le visage auparavant humain de l'Inconnu.
Elle ne réagit pas, trop surprise pour faire le moindre geste.
Elle ne pensait plus à rien, complètement absorbée par ce regard sanglant et satanique qui porta l'atmosphère à ébullition.
Il fit alors un bond vers elle, les crocs jetés en avant comme prêts à la lacérer vivante, et s'arrêta tout prêt d'elle. Elle n'avait pas bougé du tout, incapable de comprendre ce qui se passait.
Elle sentait le souffle glacial de l'Inconnu sur son cou et ses crocs, si proches...
Elle fut tentée d'offrir sa gorge, juste pour sentir le contact des lèvres de l'Inconnu sur elle, et à cette seule pensée son être vibra d'envie.
Mais elle se contint, ne réagissant pas.

L'Inconnu remonta lentement le long de son cou, et son souffle se fit plus fort tandis qu'il se rapprochait de son oreille. Elle se tendit à l'extrême, électrisé par cet instant, et ferma les yeux.
Il lui murmura alors son nom, et elle frémit avec violence.
Ce n'était ni de peur ni de dégoût, mais bien de pur plaisir.
Elle poussa même un soupir, expirant tout l'air qu'elle avait retenu pour savourer ce moment.

"Alucard" répéta-t-elle silencieusement, comme si ce mot était sacré.

Elle tourna vivement la tête vers lui, plongeant son regard sans fond dans le sien. Elle le regarda avec insistance et l'air sembla soudain se raréfier, les sons de la pluie s'étouffer, la pièce s'effaça pour ne laisser place qu'aux mots silencieux que ses yeux lui murmuraient.
Il y eut un très long silence, et tout l'être de la jeune fille tremblait d'extase.

Elle se pencha légèrement, comme pour embrasser les lèvres interdites, et finalement renonça. Il lui semblait que, même si elle en mourrait d'envie, toucher l'Inconnu la conduirait à la Mort.

Mais n'était-il pas la Mort elle-même finalement ?

Sans le quitter des yeux, elle se releva, s'approchant d'une fenêtre aux vitres sales. Le visage dénué d'expression, elle traça dans la poussière les mots qu'elle ne savait exprimer.
Elle termina d'écrire, et quelques instants plus tard, un éclair éclaira violemment ses mots.

"Vous êtes la Mort ?"